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Pourquoi ce film ?
Je cherche depuis longtemps le moyen de partager avec le plus grand nombre ma préoccupation essentielle, à savoir la relation intime que chacun d’entre nous entretient avec son environnement construit, avec l’architecture et avec la ville. J’habite à Paris dans le 19ème arrondissement, ce quartier aux mille visages et je trouve qu’il y fait bon vivre. Je profite des lieux culturels exceptionnels comme la Philharmonie, le 104, les Buttes Chaumont, le parc de la Villette, le canal de l’Ourcq, je fréquente également de nombreux équipements de proximité (piscines, bibliothèques municipales). Mais j’aime aussi les lieux moins visibles, les coeurs d’îlots urbains, les passages, les villas, les cours qui accueillent la vie intime, la variété des habitations, les intérieurs que l’on devine.
C’est pour parler tout particulièrement de l’architecture domestique, de
l’architecture du quotidien, celle que l’on regarde si peu alors qu’elle nous concerne de si près, que j’ai donné carte blanche à cinq auteurs - cinéaste, danseurs, philosophe, écrivain. Je les ai conviés à dialoguer avec ma dernière réalisation, un ensemble de logements sociaux construits dans le 19ème arrondissement justement, au 168 de la rue de Crimée.
Je les ai invités dans un temps bien spécifique, lors des derniers mois de chantier, mais avant l’arrivée des habitants, dans un temps propice aux questionnements et à l’imagination, un temps où l’architecture est elle-même en mouvement, en fabrication. |
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Je cherchais par tous les moyens à échapper à une représentation figée du projet d’architecture. Je comptais sur ces auteurs pour proposer une alternative aux images de synthèse et aux photographies prises après chantier, à ces points de vue fixes souvent désincarnés, à ces représentations où tout est fini avant même d’avoir existé, réduisant le projet d’architecture à un produit immobilier ou à un geste artistique abstrait, déconnecté de la ville et de ses habitants.
Je n’avais aucune idée de la forme que prendraient les cinq cartes blanches ni comment la réalisatrice arriverait à réunir toutes les oeuvres en un objet cohérent. J’ai été bouleversée par les propositions de mes invités. Ils ont habité le lieu avec leur singularité et nous livrent, chacun dans leur médium, leurs réflexions, sensations, émotions, rêveries. Célia Houdart ouvre 212 fenêtres réelles ou imaginaires, Alice Martins nous propose une partie de cache-cache dansée, la Compagnie Retouramont nous fait tourner la tête, Jean Attali nous invite à réfléchir sur l’équilibre entre notre vie intime et la collectivité.
Cheffe d’orchestre de ce portait polyphonique, Sophie Comtet Kouyaté écrit avec sa voix off et ses images en mouvement un des chapitres de la longue histoire du 168 rue de Crimée, qui a commencé bien avant notre venue et qui se poursuit avec l’arrivée des nouveaux habitants.
Ce film leur est dédié. À eux d’écrire la suite. |
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Sarah Bitter est architecte DPLG. Les opportunités professionnelles et sa passion pour les villes en mutation l’ont amenée à travailler à Barcelone, Marseille, Berlin et New York. Elle dirige l’agence d’architecture Metek qu’elle a cofondée en 2001. Metek est à la fois reconnue par les institutions telles que la Cité de l’Architecture (expositions «vers de nouveaux logements sociaux 2» 2012), le Ministère de la Culture (nomination Prix grand Public d’architecture 2004), le Pavillon de l’Arsenal (expositions «le Paris des maisons» 2003, «exposition permanente 2003-2006», «Habiter 10-09 09-10» 2010) et par la presse professionnelle.
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Parallèlement à son travail d’architecte, Sarah Bitter est engagée dans la diffusion de l’architecture auprès de différents publics : présentation depuis 15 ans des projets de l’agence dans le cadre des Journées A Vivre, participation à des émissions de télévision (France 5), interventions dans les écoles en France et à l’Etranger, pour les spécialistes et les non spécialistes (Ecole élémentaire St Merri, Ecoles Nationales Supérieures d’Architecture, Ecole d’art américaine de Fontainebleau, Université de Michigan, USA).
L’ensemble des logements du 168 rue de Crimée a été conçu et réalisé par l’agence Metek, Sarah Bitter et Christophe Demantké entre 2009 et 2017. |
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